Exercice national de sécurité civile AREVA // Avril 2014

Des exercices de crise nucléaire sont programmés chaque année dans le cadre interministériel et tous les 3 ans sur chaque site nucléaire doté d’un Plan Particulier d’Intervention (PPI).

Le 29 avril 2014, un exercice national de crise nucléaire a eu lieu sur et autour du site de l’usine AREVA la Hague.

Cet exercice est inscrit dans la circulaire interministérielle du 19 mars 2013 relative aux exercices d’urgence radiologique et nucléaire de 2014 qui précise le champ d’application de ces exercices, les objectifs nationaux et la méthodologie.

Cet exercice a une dominante de sécurité civile et comprend un volet sanitaire simulant la prise en charge des blessés. Il a pour objectifs principaux de tester :

  • les moyens d’alerte y compris les moyens mobiles d’alerte des collectivités territoriales ;
  • la mise à l’abri et à l’écoute en y intégrant le volet communication vers les populations (mise en place de la Cellule d’Information du Public) ;
  • le dispositif de mesure de la radioactivité dans l’environnement ;

 ainsi que de :

  • jouer la phase post accidentelle ;
  • mettre en œuvre un volet sanitaire avec des blessés radio contaminés.

Le site AREVA la Hague a simulé, à partir d’un scénario fictif non connu des participants, un accident technique nucléaire qui nécessitait la mise en œuvre des dispositions prévues par son Plan d’urgence interne (PUI).

L’exercice a  mobilisé les personnels du site, les appuis techniques d’AREVA au siège ainsi que les circuits d’expertise, de contrôle et de décision des pouvoirs publics (ASN, IRSN). Les différents services opérationnels de l’Etat (Gendarmerie Nationale, SDIS, SAMU, CHPC, ARS, DDTM…) ont été déployés sous l’autorité de la Préfète.

Les élus locaux sont étroitement associés à la préparation et au déroulement de l’exercice, dont un des objectifs principaux est d’améliorer l’information des populations.

Un premier bilan a eu lieu à l’issue de l’exercice, puis une analyse approfondie “à froid” a été menée avec les différents acteurs - nationaux et locaux - Les conclusions de ce retour d’expérience sont venus enrichir l’organisation de crise afin d’en améliorer l’efficacité.

Le déroulement

L’exercice est basé sur un scénario technique d’un accident non connu des participants. Celui-ci a amené la direction de l’usine AREVA la Hague à déclencher son Plan d’Urgence Interne (PUI). Dès le déclenchement du PUI, la direction a mobilisé les personnels nécessaires, prévenu les pouvoirs publics et les tenu régulièrement informés, ainsi que les parties prenantes locales, de l’évolution de la situation.

 Au regard des événements, la Préfète de la Manche, Directrice des opérations de secours (DOS), a mis en place les structures de commandement utiles à la prise de décision et à la coordination des acteurs, c’est-à-dire  le Centre opérationnel départemental (COD) à la préfecture basée à Saint-Lô.

L’évolution de la situation a amené la Préfète de la Manche à mettre en œuvre son Plan particulier d’intervention (PPI), à partir :

  • des éléments fournis par les responsables du site AREVA la Hague ;
  • des avis, des prévisions et des conseils émis par des experts de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et de la Mission d’appui à la gestion des risques nucléaires (MARN).

Les règles du jeu

Chaque étape a été “ simulée ” dans les conditions les plus proches de la réalité. Du déclenchement de l’alerte à la mise en place effective des moyens sur le terrain, les temps de déploiement des organisations ont été mesurés, aussi bien au niveau des postes de commandement des pouvoirs publics que des équipes d’AREVA (au siège et sur le site). Il en a été de même pour les temps de réalisation des “ gestes techniques ”: mesures dans l’environnement, montage des matériels, etc.

 L’exercice s'est déroulé en prenant en compte la météo réelle.

 Les mesures de protection de la population ont été annoncées par la Préfète.

  Utilisation du système d’alerte des populations

 

A l’occasion de cet exercice, la direction AREVA la Hague a mis en œuvre le système automatique d’alerte téléphonique appelé SAPPRE (Système d’Alerte des Populations en Phase Réflexe). Déclenché à la demande de la Préfète(1), il a pour vocation, en cas d’accident, à diffuser sur le réseau des téléphones filaires des particuliers et des établissements publics un message de mise à l’abri dans le périmètre de 0 à 2 km autour de l’établissement. L’appel est renouvelé jusqu’à ce que la personne décroche.

 L’exercice a eu peu d’incidence sur le fonctionnement réel de l’usine. Les ateliers ont continué à fonctionner normalement.

 (1) Sur un accident à cinétique rapide, un dispositif permet au Préfet de déléguer au Directeur d’Etablissement les moyens d’alerte, c’est ce que l’on appelle la phase réflexe.

Un exercice de sécurité civile avec un volet sanitaire

Du point de vue de la sécurité civile, l’exercice avait pour objectifs de :

  • tester les processus d’expertise (SDIS, ASN, IRSN) et les processus de décision ;
  • former les acteurs et les entraîner à l’organisation de gestion de crise ;
  • tester la faisabilité des mesures de protection hors site et former les populations concernées.

Le volet sanitaire vise à tester la prise en charge de blessés radio-contaminés dans une situation d’urgence radiologique à la fois par l’exploitant, mais aussi par toute la chaîne de traitement de blessés radio-contaminés (SMUR, SDIS, CTBRC(2) du CHPC, CTBRC(2) du SSR base navale).

(2)  CTBRC : Centre technique de prise en charge des blessés Radio-Contaminés.

Les participants

- Les décideurs et experts locaux

La Préfète de la Manche : elle décide des mesures à prendre. En fonction de l’évolution de la situation, elle peut déclencher et mettre en œuvre le Plan Particulier d’Intervention (PPI).

 Le Directeur d’AREVA la Hague : il déclenche et met en œuvre le Plan d’Urgence Interne (PUI).

Les représentants de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : ils conseillent la Préfète de la Manche dans sa prise de décisions et lui apportent tous les éléments techniques nécessaires.

Les représentants des services opérationnels de l'Etat ainsi que des services départementaux : ils mettent en place sur le terrain les décisions décidées en COD.

Les élus : les maires des communes impliquées dans les périmètres du Plan particulier d’intervention ont été tenus informés de l’évolution du scénario.

- Les décideurs et experts nationaux

La Mission d’Appui à la gestion des Risques Nucléaires (MARN) : elle dépend du ministère de l’Intérieur, direction de la Défense et de la Sécurité civile. Elle appuie les Préfets dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’urgence.

L’Autorité de sûreté nucléaire : l’ASN conseille les services des ministères chargés de l’Industrie, de l’Environnement et de la Santé. Elle définit les objectifs en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection, s’assure du bien-fondé des dispositions prises par l’exploitant AREVA et du respect des procédures, apporte son conseil à la Préfète par le biais de sa division régionale (Caen).

L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) : l’IRSN est l’appui technique de l’Autorité de sûreté nucléaire. Il travaille en coordination avec les équipes techniques de l’exploitant AREVA pour analyser la situation et prévenir son développement et ses conséquences.

L’Organisation Nationale de Crise AREVA : basée au siège du groupe AREVA, elle appuie les responsables des sites AREVA dans l’élaboration et la mise en œuvre des Plans d’urgence internes.

Le Plan d’Urgence Interne (PUI)

En cas d’accident nucléaire, une organisation de crise interne à l’établissement AREVA la Hague permet d’appuyer l’équipe de l’atelier concerné et de maîtriser rapidement la situation. Il s’agit du Plan d’urgence interne.

Etabli par l’exploitant et validé par l’ASN, il est destiné à ramener l’installation dans un état sûr et à limiter les conséquences de l’événement sur les personnes, les biens, le site et l’environnement. Cette organisation comprend également la mise en place de moyens d’alerte et d’information des pouvoirs publics et des médias.

Le PUI permet de mobiliser rapidement le personnel nécessaire présent durant l’horaire normal ou le personnel d’astreinte pour l’établissement hors horaire normal (soit 40 personnes environ) dans un délai inférieur à une heure, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en complément des équipes de conduite toujours présentes 365 par an. Ce plan met en œuvre les moyens techniques et humains nécessaires à l’appui des opérateurs de conduite et à la maîtrise de la situation, tant sur le plan de la protection du personnel que sur le plan technique.

Au niveau national, le PUI induit la mobilisation d’experts spécialisés dans la gestion des situations accidentelles, au sein des équipes nationales de crise d’AREVA et des organismes de l’Etat : l’ASN et l’IRSN.

Le déclenchement du PUI est de la responsabilité de la direction AREVA la Hague. Dès son application, la Préfète de La Manche en est avertie. Dès lors, elle est tenue informée en permanence de l’évolution de la situation à l’intérieur du site.

Le Plan Particulier d’Intervention (PPI)

Le décret du 13 septembre 2005 relatif aux plans particuliers d’intervention, notamment son article 1er,  précise que :

« les plans particuliers d’intervention sont établis, en vue de la protection des populations, des biens et de l’environnement, pour faire face aux risques particuliers liés à l’existence ou au fonctionnement d’ouvrages ou d’installations dont l’emprise est localisée et fixe ».

Le PPI Plan particulier d'intervention constitue un volet des dispositions spécifiques du plan départemental « ORSEC ».

Le PPI Plan particulier d'intervention, déclenché par le Préfet, sert à coordonner l’ensemble des moyens mis en œuvre pour gérer une situation accidentelle. Il précise les missions des différents services concernés, les schémas de diffusion de l’alerte et les moyens matériels et humains. Ce plan :

  • décrit l’installation, les activités du site et les scénarios d’accidents susceptibles de s’y produire ;
  • présente la zone d’application du plan et ses enjeux (humains et économiques) ;
  • définit les mesures de sauvegarde des populations (mise à l’abri et à l’écoute, éloignement) ;
  • présente les modes de déclenchement du PPI Plan particulier d'intervention et les modalités d’alerte et d’information des populations.

Le PPI Plan particulier d'intervention est testé périodiquement, afin que les dysfonctionnements éventuels puissent être corrigés et que les adaptations liées à l'évolution des méthodes de gestion de crise soient prises en compte.

III – Des exercices réguliers

Les exercices de crise sont essentiels pour tester l’efficacité des procédures et assurer l’entraînement des acteurs à des situations accidentelles. Les objectifs de ces exercices, qui mettent en œuvre le Plan d’Urgence Interne et le Plan Particulier d’Intervention, est de s’assurer des capacités à résoudre les accidents, à sauvegarder les personnes et à protéger l’environnement. Ils permettent de tester l’organisation et la coordination des secours internes et externes. Leur retour d’expérience permet d’améliorer constamment les processus et de renforcer la réactivité des intervenants.

Les exercices internes

Les exercices internes concernent :

  • les exercices de simulation de la mise en œuvre du Plan d’urgence interne (PUI), dont l’évacuation du personnel du site ;
  • les exercices de mise en sauvegarde des installations du site ;
  • les exercices d’évacuation d’une installation (incendie, perte de ventilation, accident de criticité) ;
  • les exercices de sécurité incendie, chimie, transports ;
  • les exercices d’évacuation de blessé.

Ces exercices s’appuient sur un scénario adapté et durent, selon le thème, de 1 à 4 heures.

Ils peuvent en interne, mobiliser plus de 50 personnes dans les différents postes de commandement.

Les exercices nationaux

Des exercices nationaux sont organisés périodiquement notamment sur le site de La Hague, et en moyenne tous les ans sur le département de la Manche.

Il existe deux types d’exercices nationaux :

  • des exercices de sûreté nucléaire ;
  • les exercices de sécurité civile, qui entraîne l’application des mesures prévues pour la population dans le PPI Plan particulier d'intervention (alerte de la population, mise à l’abri, évacuation).

Le choix du type d’exercice est effectué par le Préfet lors d’une réunion dite de lancement, qui se déroule environ six mois avant l’exercice.

Les principaux exercices de crise effectués en 2013 sur le site AREVA la Hague :

  • 3 exercices internes

 

  • un exercice de sûreté nucléaire sur le thème d'une défaillance d'un élément de chauffe d'un évaporateur dans un atelier d'extraction et de concentration des produits de fission ;
  • un exercice d'évacuation de l'établissement ;
  • un exercice incendie en bâtiment nucléaire avec le concours des sapeurs pompiers de la Manche, le SDIS Service départemental d'incendie et de secours 50.