Le dispositif FR-Alert

La multiplication des crises, qu’elles soient d’origine naturelle, technologique ou issues d’une action humaine, a conduit à une réévaluation des dispositifs d’alerte et d’information des populations. Les crises récentes ont mis en exergue la nécessité de pouvoir transmettre très rapidement et simultanément via le même vecteur tant le signal d’alerte que les bons comportements à adopter par nos concitoyens. L’accident de l’usine Lubrizol à Rouen (76) le 26 septembre 2019 constitue une des illustrations de ce besoin dont le périmètre s’étend à l’aune de nouveaux risques ou menaces (crise du Covid-19, volcan sous-marin à proximité de Mayotte, …).

Afin de répondre aux obligations européennes, aux besoins opérationnels de gestion de crise, et aux attentes légitimes exprimées lors de l’accident de l’usine Lubrizol, l’État français a procédé au lancement officiel du programme FR-Alert, un outil d’alerte et d’information des populations par téléphone mobile qui complète les dispositifs existants.

Qu’est-ce que le dispositif FR-Alert ?

FR-Alert est un système d’alerte des populations qui permet d’envoyer des notifications sur les téléphones portables des personnes présentes dans une zone confrontée à un danger. Une fois activé, il informe les citoyens concernés sur la nature et la localisation d’un danger ou d’une menace et d’indiquer les actions et comportements à adopter. Les notifications pourront transmettre des informations sur la nature du risque, l’autorité qui diffuse l’alerte, la localisation du danger, ou encore l’attitude à adopter (rester chez soi, évacuer la zone…).

Ce dispositif modernise les outils mis à disposition des autorités en charge de la gestion de crise, mais n’a pas vocation à remplacer les vecteurs d’alerte ou d’information des populations existants. Les sirènes d’alerte du système d’alerte et d’information des populations (SAIP), l’activation des conventions signées avec les sociétés publiques de radiodiffusion (Radio France) et de télévision
(France Télévisions), ou encore la diffusion de messages via les réseaux sociaux demeurent pleinement fonctionnelles.

L’usage de FR-Alert est circonscrit aux cas d’urgence, relevant de la Sécurité civile ou engageant la sécurité publique, pour lesquels un danger susceptible de porter atteinte à l’intégrité physique des citoyens est imminent ou en cours, et implique d’alerter la population située dans la zone de danger pour leur recommander des gestes d’autoprotection. A cet égard, FR-Alert est à distinguer des moyens qui permettent la vigilance des populations, positionnés en amont de la survenue d’un éventuel aléa
et qui visent à la communication d’informations préventives sur celui-ci. Son champ d’application concerne :
• Les urgences absolues ainsi que les situations imminentes ou en cours faisant peser un risque létal sur les populations ;
• Les catastrophes majeures, qu’il s’agisse de sinistres ou d’accidents d’une particulière gravité, ou de menaces armées. Ces événements conduiront également au déclenchement de plans dédiés, comme les plans gouvernementaux ou le plan ORSEC (plan départemental d’organisation de la réponse de sécurité civile).

Les différentes catégories d’événements pour lesquelles le dispositif FR-Alert peut être activé sont basées sur les catégories définies par le protocole d’alerte commun (PAC), standard d’échange entre les autorités publiques et les différents types d’opérateurs diffusant des messages d’alerte :
• Météorologie (inondations, tempêtes…),
• Feux ou incendies (feux de forêts, incendies industriels…),
• Géophysique (séismes, tsunamis…),
• Infrastructures (rupture d’ouvrage hydraulique, interruption des réseaux…),
• Transports (accidents routiers, ferroviaires, maritimes, aériens…),
• Nucléaire, radiologique, biologique, chimique ou explosif (NRBCE),
• Sécurité intérieure et sécurité nationale (attentats, périple meurtrier…),
• Santé (épidémies, crises alimentaires…),
• Évènements engageant la sécurité publique.

La chaîne d’activation du dispositif FR-Alert

La décision de l’utilisation de FR-Alert relève des préfets, mais peut s’exercer selon plusieurs modalités. En premier lieu, l’autorité compétente rédige le message sur le portail d’alerte multicanal (PAM) de l’État.

L’alerte, une fois rédigée, validée et saisie dans le portail d’alerte de l’État, est ensuite diffusée aux opérateurs de téléphonie mobile. Les opérateurs de communication électronique ont pour obligation d’acheminer gratuitement les messages d’alerte aux populations.

Les opérateurs assurent alors la transmission de l’alerte aux antennes du réseau couvrant la zone de danger.

Les personnes se trouvant dans la zone de danger reçoivent alors immédiatement une notification d’alerte sur leurs téléphones portables : cela concerne tant les clients des opérateurs de téléphonie mobile que les personnes venant de l’étranger et bénéficiaires du service d’itinérance avec l’opérateur français, qui leur diffusera donc le message d’alerte. Suite à l’envoi du premier message, les autorités compétentes pourront, via le portail d’alerte, informer les citoyens des suites de l’événement via des messages successifs, avec la possibilité de faire évoluer tant la zone géographique de diffusion.